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La réforme fiscale “équitable” de l’Australie vise les multinationales

July 30, 2024

La réforme fiscale australienne “fair share” frappe les multinationales après la refonte du système fiscal australien. Le système fiscal australien fait l’objet d’une réforme indispensable. Ses détracteurs affirment qu’il n’est tout simplement pas en mesure de faire face aux échanges multinationaux, à la concurrence mondiale croissante en matière d’investissement, à l’internet et à l’économie numérique. Il a également été critiqué pour son manque d’équité, et l’un des premiers domaines sur lesquels le gouvernement s’est penché est la fiscalité des multinationales.

Faire en sorte que les multinationales paient leur juste part – Projet de loi sur l’intégrité et la transparence 2023

Le 27 mars 2024, le Treasury Laws Amendment (Making Multinationals Pay Their Fair Share – Integrity and Transparency) Bill 2023 a achevé son passage au Parlement fédéral. Ce projet de loi contient les amendements visant à introduire un nouveau régime de sous-capitalisation qui s’appliquera à la plupart des sociétés pour les années de revenus commençant à partir du 1er juillet 2023. Il deviendra officiellement loi lorsque le projet de loi recevra la sanction royale.

Le projet de loi vise à renforcer les règles australiennes en matière de sous-capitalisation afin de lutter contre ce que le gouvernement considère comme des déductions excessives de la dette qui érodent l’assiette fiscale nationale. Il limitera le montant des dettes utilisées pour financer les opérations ou les investissements australiens et interdira les déductions de dettes lorsque les dettes utilisées pour financer les actifs australiens dépassent certaines limites. Elle s’applique à la plupart des entreprises multinationales opérant en Australie et dont les dettes déduites s’élèvent à au moins 2 millions de dollars australiens.

Le projet de loi affectera les entités australiennes investissant à l’étranger et leurs entités associées, les entités étrangères investissant en Australie, les entités australiennes ayant certaines opérations à l’étranger et leurs entités associées, les entités australiennes sous contrôle étranger et les entités étrangères ayant des opérations ou des investissements en Australie.

L’échéance fiscale de la “juste part” en Australie

En raison des retards pris par le projet de loi, le nouveau régime fiscal n’est entré en vigueur que quelques mois avant l’exercice auquel il s’applique. Les entreprises dont l’exercice se termine le 30 juin ont eu moins de huit semaines pour restructurer leurs dettes.

Quelle que soit la date de clôture de l’exercice, cette mesure entraînera une charge de travail considérable pour les clients. Les organisations auront désormais l’obligation de tracer et de documenter l’utilisation de tous les prêts aux parties liées afin de déterminer s’ils sont utilisés à des fins de création de dette non éligible. Il peut être intéressant de restructurer la dette, par exemple en utilisant le fonds de roulement à des fins de création de dette inéligible.

Les clients devront également s’assurer auprès de leur auditeur que leurs charges d’intérêts ne donnent pas lieu à une différence fiscale permanente. Toutes les entreprises doivent prendre des conseils fiscaux et, au minimum, élaborer un nouveau modèle de capitalisation restreinte, car les formulaires de déclaration d’impôt de 2024 exigeront la divulgation de la méthode de capitalisation restreinte choisie et appliquée.

Il ne faut pas sous-estimer la complexité et le défi que représente l’application des nouvelles règles à une telle variété d’entreprises. Il faudra consulter des experts techniques en comptabilité et en banque, et pour certains, le chemin vers la conformité sera semé d’embûches. Certaines organisations peuvent se retrouver dans une situation où de véritables accords commerciaux aboutissent à un refus de déduction de la dette. Toute incertitude dans les positions fiscales pouvant nécessiter des informations dans les comptes financiers devra être prise en compte dès que possible.

Le projet de loi exige que le gouvernement entreprenne un examen des amendements relatifs à la capitalisation restreinte, qui débutera au plus tard le 1er février 2026. Cela permettra d’évaluer l’impact de ces modifications, et notamment de déterminer si elles ont eu un effet sur la capacité de l’Australie à attirer les investissements étrangers.

Investisseurs directs étrangers

L’Australie est considérée comme une option très attrayante pour les investissements directs étrangers (IDE) par de nombreuses entreprises à travers le monde, avec un classement élevé sur l’indice de confiance des IDE en 2024, selon Statista. Les économies étrangères avaient investi un total de 4,7 billions de dollars en Australie à la fin de l’année 2023.

Si l’exploitation minière et l’énergie continuent d’attirer la majeure partie des investissements, le secteur des technologies est en plein essor. Le trésorier Jim Chalmers a déclaré qu’il souhaitait que les entreprises technologiques paient leur juste part d’impôts, et une récente victoire fiscale sur les redevances aura des conséquences majeures.

Étude de cas : PepsiCo

Le 30 novembre 2023, la Cour fédérale d’Australie a tranché en faveur de l’Australian Taxation Office (ATO) dans le cadre d’un litige avec PepsiCo. L’ATO soutenait que certaines parties des paiements effectués dans le cadre d’accords d’embouteillage constituaient des redevances et étaient donc soumises à une retenue à la source au titre des redevances. Il a également été décidé que l’impôt sur les bénéfices détournés s’appliquerait.

C’est la première fois qu’un tribunal examine l’impôt australien sur les bénéfices détournés depuis son introduction en 2017. Les multinationales feront désormais l’objet d’un examen plus approfondi des redevances incorporées qui découlent de l’utilisation de la propriété intellectuelle et il pourrait y avoir des changements possibles dans l’interprétation des conventions fiscales.

Il est clair que les multinationales locales et étrangères devront être rigoureuses dans leurs rapports et auront besoin de beaucoup d’aide extérieure pour s’assurer qu’elles ne tombent pas sous le coup du nouveau régime fiscal. Si le gouvernement australien veut que les grandes entreprises soient les méchantes, les sociétés doivent s’assurer que leurs rapports sont aussi transparents que possible.

Si vous souhaitez vous entretenir avec l’un de nos experts à Sydney ou à Melbourne, n’hésitez pas à nous contacter.