
Herbert M. Chain
Actionnaire, Mayer Hoffman McCann P.C. Directeur technique adjoint, Global Audit Group, Kreston Global
Herbert M. Chain est un auditeur très expérimenté et un expert financier avec plus de 45 ans d’expérience dans le domaine des affaires, de la comptabilité et de l’audit, ayant occupé le poste d’associé principal d’audit chez Deloitte. Il est diplômé de la National Association of Corporate Directors et de la Private Directors Association, et possède des connaissances en matière de gouvernance des entreprises privées et de gestion efficace des risques. Il possède une connaissance approfondie du secteur des services financiers, notamment de la gestion d’actifs et de l’assurance.
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Garantir la confiance : Le rôle crucial de l’indépendance des auditeurs
November 3, 2023
L’indépendance des auditeurs est essentielle à la crédibilité de la profession. Il est essentiel que les auditeurs soient indépendants de leurs clients, tant dans les faits qu’en apparence. L’indépendance signifie en fait que les auditeurs sont libres de toute relation financière, commerciale ou personnelle susceptible de nuire à leur objectivité et qu’ils ne sont soumis à aucune influence susceptible de nuire à leur capacité d’exercer leur jugement professionnel. L’indépendance apparente signifie que les auditeurs sont perçus comme indépendants par un tiers raisonnable et informé.
L’importance de l’indépendance des auditeurs
L’importance de l’indépendance des auditeurs est reconnue par les normes d’audit et les régulateurs du monde entier. Aux États-Unis, le Public Company Accounting Oversight Board (PCAOB) est chargé de superviser les audits des entreprises publiques. Le PCAOB a publié un certain nombre de normes d’audit relatives à l’indépendance des auditeurs. La Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis dispose de ses propres règles en matière d’indépendance des auditeurs et a infligé des amendes, des sanctions et/ou des interdictions à des entreprises et à leur personnel en cas de violation de ces normes.
D’autres organismes de normalisation en matière d’audit, tels que l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA), le Government Accountability Office (GAO) des États-Unis, l’International Auditing and Assurance Standards Board (IAASB) et l’International Ethics Standards Board for Accountants (IESBA) ont également publié des orientations sur l’indépendance des auditeurs. En outre, les autorités de réglementation de nombreux pays qui supervisent la profession d’auditeur ont publié des règlements et des interprétations sur l’indépendance des auditeurs.
Considérations pour les auditeurs externes
L’évaluation de l’indépendance repose sur trois considérations primordiales.
- Les auditeurs ne peuvent pas contrôler leur propre travail. Il s’agit d’un principe fondamental de l’indépendance des auditeurs. Les auditeurs doivent être en mesure d’évaluer objectivement le travail de leurs clients, ce qu’ils ne peuvent pas faire s’ils sont eux-mêmes à l’origine du travail.
- Les auditeurs ne peuvent pas prendre de décisions de gestion pour leurs clients. En effet, les auditeurs doivent conserver leur indépendance vis-à-vis de leurs clients. Si les auditeurs commencent à prendre des décisions de gestion, ils ne seront plus en mesure d’évaluer objectivement le travail de leurs clients.
- Les auditeurs ne peuvent pas se faire les avocats de leurs clients. Si les auditeurs commencent à agir comme des avocats, ils seront perçus comme incapables d’évaluer objectivement le travail de leurs clients.
Plus précisément, ces considérations sont souvent subdivisées en plusieurs catégories :
- Relations financières : Les auditeurs ne doivent pas avoir d’intérêts financiers directs ou indirects importants dans leurs clients d’audit. Cela inclut les investissements dans les titres du client, les prêts du client et les relations d’affaires avec les clients ou leurs affiliés.
- Relations professionnelles : Les auditeurs ne doivent pas avoir de relations personnelles ou professionnelles étroites avec leurs clients. Cela inclut les anciens employés du client, les conjoints et les parents des employés, ainsi que les directeurs des sociétés affiliées au client. Cela comprend également l’emploi par le client des membres de l’équipe de mission de son auditeur. (Cette situation a été spécifiquement interdite par la loi Sarbanes-Oxley de 2002 (SOX), sous réserve d’une période de réflexion).
- Étendue des services : Les auditeurs ne doivent pas fournir à leurs clients des services autres que d’audit qui pourraient nuire à leur indépendance. Cela comprend les services de comptabilité, de tenue de livres, de planification financière et de conseil en gestion. Les régulateurs peuvent avoir des interdictions différentes ; les règles spécifiques doivent être évaluées en fonction de la juridiction et du type de client (c’est-à-dire public, privé ou gouvernemental).
- Mutualité d’intérêts : Les auditeurs ne doivent pas avoir de relations d’affaires avec leurs clients d’audit susceptibles de créer une mutualité d’intérêts. Il peut s’agir d’entreprises communes ou d’autres collaborations (par exemple, des accords de mise en œuvre de logiciels).
Menaces et garanties
Nos régulateurs définissent souvent ces risques comme des “menaces” et fournissent les mesures d’atténuation correspondantes (ou “sauvegardes”). En utilisant ce cadre, les menaces les plus courantes pour l’indépendance d’un auditeur externe (et les mesures de sauvegarde correspondantes) sont les suivantes :
- Self-interest
- Threat: This occurs when the auditor has a financial or other interest in the client that could impair objectivity. Examples include owning shares in the client company or having a close family member employed by the client.
- Sauvegarde : Les auditeurs doivent éviter d’avoir des intérêts financiers ou autres dans leurs clients. Si de tels intérêts existent, ils doivent être cédés et des garanties doivent être mises en place pour atténuer la menace.
- Self-review
- Threat: This occurs when the auditor performs both audit and non-audit services for the client. This can create a conflict of interest, as auditors may be less likely to challenge the client’s management if they are put into the position of auditing their own work. Examples are preparation of the income tax provision or the determination of liabilities under a client’s employee pension plans.
- Sauvegarde : si des services autres que d’audit sont fournis, ils doivent être évalués par l’auditeur et, si ces services créent une menace significative, d’autres actions ou mesures doivent être identifiées pour ramener la menace à un niveau acceptable afin de ne pas compromettre l’indépendance de l’auditeur. En outre, la direction doit désigner un employé compétent pour superviser l’auditeur, assumer la responsabilité de son travail et prendre les décisions finales. Ces exigences sont souvent consignées dans la lettre de mission et/ou la lettre de déclaration de la direction que l’auditeur reçoit dans le cadre de l’audit.
- Advocacy
- Threat: This occurs when the auditor becomes too closely aligned with the client’s interests and acts as an advocate for the client or promotes the client’s interests or position. Examples include providing testimony on behalf of the client in a lawsuit or promoting investments in the client.
- Sauvegarde : Les auditeurs doivent être conscients des situations qui pourraient les placer dans une position d’avocat. Tout accord avec un client doit être soigneusement examiné avant d’être exécuté.
- Familiarity
- Threat: This occurs when the auditor becomes too familiar with the client’s management or employees and thus no longer exercises sufficient professional scepticism because the auditor has too much trust in the client and the client’s actions. This can impair the auditor’s professional scepticism and objectivity, as they may be less likely to question the client’s management or to report on any irregularities they find.
- Sauvegarde : Les auditeurs doivent maintenir un détachement professionnel vis-à-vis de leurs clients et envisager une rotation régulière des équipes d’audit. Cela permettra de réduire le risque que l’équipe d’audit devienne trop familière avec le client et son personnel.
- Intimidation
- Threat: This occurs when the auditor is influenced by threats, pressure, or coercion from the client or a third party. This pressure can come from threats to dismiss the auditor, to reduce the audit fee, or to retaliate in some other way. This threat was deemed significant enough that it was statutorily prohibited by the provisions of Section 303 of SOX.
- Sauvegarde : Les auditeurs doivent pouvoir rendre compte directement au comité d’audit du conseil d’administration du client. (Cette garantie a été jugée suffisamment importante pour être incluse dans les dispositions de la section 204 de la loi SOX). L’auditeur disposera ainsi d’une ligne de communication directe avec le conseil d’administration, ce qui contribuera à réduire le risque d’intimidation.
Que peut faire un cabinet d’audit pour garantir le respect des règles d’indépendance des auditeurs professionnels ?
Il est important de noter qu’aucune mesure de sauvegarde ne peut éliminer toutes les menaces pesant sur l’indépendance des auditeurs. Toutefois, en mettant en œuvre une série de mesures de protection, les entreprises peuvent ramener ces menaces à un niveau acceptable.
- Promouvoir une culture de l’indépendance : Les entreprises doivent promouvoir une culture qui met l’accent sur l’indépendance et le comportement éthique, qui démontre l’engagement de la direction à l’égard de l’indépendance et qui donne un ton d’éthique et d’indépendance à l’ensemble de l’organisation. De nombreux cabinets fournissent un accès à des conseillers en déontologie ou à des lignes d’assistance téléphonique où les professionnels peuvent demander des conseils sur des questions liées à l’indépendance. En outre, les cabinets doivent proposer à tous les professionnels des formations régulières et des programmes éducatifs sur les règles d’indépendance, les réglementations et les considérations éthiques. Les cabinets doivent également établir et renforcer les protocoles de consultation au sein du cabinet sur les questions d’indépendance et autres questions complexes (une “culture de la consultation”).
- Politiques et procédures du cabinet : Les cabinets doivent disposer de politiques et de procédures permettant d’identifier et d’évaluer les menaces pesant sur l’indépendance, de mettre en œuvre des sauvegardes pour atténuer ces menaces et de contrôler le respect de ces politiques et procédures. Les politiques doivent être appliquées de manière cohérente et équitable, et toute violation doit être traitée rapidement. Ces politiques et procédures doivent être revues et mises à jour régulièrement. Les cabinets doivent également établir des lignes directrices concernant les employés qui acceptent des cadeaux, des marques d’hospitalité ou d’autres faveurs de la part de clients, afin d’éviter toute influence sur le jugement professionnel. En outre, les entreprises membres d’un réseau mondial doivent mettre en place des politiques permettant d’identifier et d’éliminer les conflits d’intérêts potentiels qui pourraient exister avec d’autres entreprises membres. Il s’agit notamment d’établir des lignes de communication et d’assumer la responsabilité de ces communications en temps opportun, en particulier dans les situations de proposition.
- Services autres que d’audit : Les cabinets d’audit doivent évaluer soigneusement les services autres que d’audit qu’ils fournissent à leurs clients et s’assurer que la direction du client assume la responsabilité finale du travail et de toute décision prise à la suite des résultats.
- Évaluation et maintien du client : Avant d’accepter un nouveau client, les entreprises doivent procéder à une évaluation approfondie, afin de s’assurer qu’il n’y a pas de conflits d’intérêts ou d’autres facteurs affectant l’indépendance. Ce contrôle doit également être effectué chaque année dans le cadre du processus de maintien de la clientèle et être surveillé pendant l’exécution de la mission (c’est-à-dire être alerté des changements de circonstances susceptibles d’affecter les précieuses conclusions en matière d’indépendance).
- Déclarations annuelles d’indépendance : Exiger des professionnels qu’ils signent une déclaration d’indépendance réaffirmant leur engagement d’objectivité et d’indépendance dans toutes les activités liées à l’audit et qu’ils divulguent les conflits d’intérêts potentiels ou les problèmes d’indépendance. (Certains cabinets l’exigent sur une base annuelle ; d’autres procèdent également à des vérifications régulières de l’indépendance (audits) des professionnels afin d’identifier toute relation personnelle ou financière susceptible de compromettre l’indépendance).
- Rotation de l’équipe d’audit : Même si cela n’est pas exigé par les autorités réglementaires compétentes (c’est-à-dire le PCAOB pour les audits de sociétés publiques américaines), les entreprises doivent, si la bande passante le permet, envisager une rotation périodique des associés responsables de la mission d’audit et des membres clés de l’équipe afin de minimiser les risques liés à la familiarité et d’améliorer l’objectivité. Certaines grandes entreprises ont recours à l’affectation de partenaires entre bureaux pour atténuer les contraintes en matière de personnel.
- Une communication transparente : Les auditeurs doivent maintenir une communication ouverte avec les comités d’audit et signaler rapidement toute menace potentielle pour l’indépendance. (Il s’agit d’une communication obligatoire dans le cadre de certains régimes réglementaires, par exemple en vertu de la règle 3526 du PCAOB aux États-Unis).
Conclusion
L’indépendance est une exigence fondamentale pour les auditeurs externes. Notre crédibilité et les conclusions qui en découlent sont toutes affectées (et jugées) par notre indépendance – en fait et en apparence. Les règles d’indépendance et les situations qui en découlent sont souvent complexes et nuancées – et toute situation doit être soigneusement analysée pour parvenir à la conclusion appropriée. Les entreprises allouent des ressources importantes pour les aider à prendre les bonnes décisions dans le domaine et à parvenir à la bonne réponse. Le risque d’échec est important et l’échec peut avoir des répercussions sur la réputation des entreprises, voire sur leur existence.
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