Canada Réglementation ESG : combler le fossé
July 11, 2023
La réglementation ESG du Canada a du pain sur la planche. Le Canada s’est hissé au premier rang de ses homologues du G7 en tant que destination fiable pour les investissements directs étrangers (IDE), mais cet environnement plus souple et peu réglementé a ralenti la mise en œuvre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) par rapport à ses homologues de l’Union européenne. Si l’importance de prendre des mesures sur les questions ESG telles que le changement climatique s’accroît, il existe un décalage entre le niveau de préoccupation et les mesures prises jusqu’à présent. Cette situation devrait changer de manière significative à partir de 2024, avec l’annonce récente de l’entrée en vigueur de nouvelles règles pour certaines entités commerciales, notamment les banques, les compagnies d’assurance et les institutions fédérales éligibles, qui devront fournir des informations ESG sur l’impact financier de leurs risques liés au climat.
Intérêt des investisseurs
En termes d’attractivité pour les investisseurs, le Canada se situe bien au-dessus de la moyenne. En 2021, le taux fédéral-provincial combiné de l’impôt sur le revenu des sociétés était de 26,2 %, l’un des plus bas du G7, et le traitement fiscal des nouveaux investissements des entreprises, de 13,2 %, le plus bas du G7 et inférieur à la moyenne de l’OCDE.
L’environnement réglementaire soutient également l’ESG et l’innovation technologique, en offrant l’une des incitations fiscales et des subventions les plus généreuses du G7 pour encourager les entreprises à mener des activités de recherche et de développement au Canada.
Les incitations fiscales pour les sociétés à capitaux étrangers en particulier, reçoivent jusqu’à 38% des dépenses de main-d’œuvre qualifiées, dans la plupart des cas sous la forme d’une combinaison de crédits d’impôt à l’investissement remboursables et non remboursables, par le biais du programme d’incitation fiscale pour la recherche scientifique et le développement expérimental (RS&DE) administré par le gouvernement fédéral. Le programme d’incitation fiscale à la RS&DE finance plus de 3 milliards de dollars par an et il n’y a pas de plafond de financement. En outre, il existe plus de 150 initiatives et programmes de subventions disponibles auprès des gouvernements fédéral et provinciaux. Les fabricants peuvent bénéficier de programmes visant à rationaliser la chaîne d’approvisionnement par l’automatisation, l’adoption de technologies propres et l’amélioration de l’efficacité énergétique.
Selon l’Economist Intelligence Unit, le Canada sera le premier pays du G20 pour les affaires entre 2022 et 2026, une position qu’il a toujours occupée au cours des cinq dernières années. Le Canada se classe également au troisième rang des pays du G7 pour ce qui est de la facilité à créer une entreprise et devrait attirer le plus grand nombre d’investissements au cours des trois prochaines années.
En 2021, l’économie canadienne a connu une croissance estimée à 4,6 %, soit le taux de croissance le plus élevé parmi les économies du G7. Cette année, malgré les tensions économiques mondiales dues au conflit en Ukraine et à la pandémie, l’économie canadienne devrait croître de 2,8 %.
Régulation par touches légères
Cette approche proactive pour attirer les investissements a clairement eu un impact positif sur l’économie, mais un effet secondaire de cette réglementation légère est que la réglementation ESG pour les entreprises a pris du retard par rapport à ses homologues de l’UE. Selon le dernier rapport du Legal Framework for Impact (LFI), la législation canadienne permet, et parfois rend nécessaire, la poursuite d’investissements axés sur la durabilité pour obtenir des rendements financiers et protéger les actifs. Cependant, la recherche d’impacts positifs sur le développement durable en tant qu’objectif principal est limitée par le droit canadien.
Dans le cadre d’un changement majeur de politique à partir de 2024, les organismes de réglementation du Canada ont mis en place plusieurs normes, règles et exigences clés en matière de reporting ESG, qui auront un impact significatif sur le paysage de l’investissement au pays.
Corporations Canada, par exemple, exige désormais des rapports annuels sur la diversité pour les conseils d’administration et les cadres supérieurs des entreprises, en mettant l’accent sur la représentation des femmes, des peuples autochtones, des personnes handicapées et des minorités visibles.
2024 – nouvelles réglementations ESG
Les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) s’apprêtent à rendre obligatoires les rapports ESG des grandes banques, des compagnies d’assurance et des institutions financières sous réglementation fédérale, à partir de 2024. En outre, des lignes directrices relatives à la publication d’informations sur l’ESG pour les fonds d’investissement, dont l’ESG peut constituer une stratégie de base, sont désormais en place.
En outre, le gouvernement du Canada exige désormais des grands entrepreneurs fédéraux qu’ils divulguent leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et qu’ils fournissent des plans de réduction de ces émissions, applicables aux marchés publics fédéraux d’une valeur supérieure à 25 millions de dollars.
Le Conseil d’action pour la finance durable, qui relève du ministère des Finances du Canada, a lancé la Taxonomie financière canadienne pour l’écologie et la transition, un système destiné à normaliser les définitions des investissements compatibles avec le climat, en mettant l’accent sur les projets “verts” et “de transition”. Cette politique est motivée par l’urgence de combler un déficit d’investissement climatique annuel estimé à 115 milliards de dollars, afin de parvenir à une économie nette zéro d’ici à 2050.
Dans l’ensemble, bien que ces nouvelles réglementations puissent sembler décourageantes pour les entreprises et les investisseurs, les experts suggèrent qu’une approche proactive apportera des avantages significatifs. Une attention particulière à la structure du conseil d’administration, à l’évaluation de la matérialité, à une connaissance approfondie des lois sur les valeurs mobilières, à des systèmes et processus efficaces en matière de données ESG et à l’apprentissage continu sont les prochaines étapes recommandées pour naviguer avec succès dans ce nouveau paysage réglementaire et mieux préparer les entreprises canadiennes à l’expansion dans les pays de l’UE.
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